La pauvre présentation du « principe des 80/20″

Posté par Florent F. Le 17 janvier 2010

6 commentaires

  1. Olivier,

    Merci pour cette chronique fort intéressante :)

    Je m’attendais donc à lire un livre qui explique comment comprendre la structure du système qui génère le déséquilibre, comment aller au-delà de l’utilisation linéaire et systématique qui en est faite…

    Je pense comme toi, effectivement il manque un livre ou une étude (ou en tout cas je n’en connais pas) qui analyse la cause du 20/80.

    Bref pour l’auteur, la grande majorité des personnes ne connaissent pas la loi de Pareto. J’avoue ne plus savoir quoi en penser ? Suis-je déjà monté si haut dans la tour d’ivoire de l’intelligence pour ne pas percevoir l’existence d’une telle ignorance… Non je ne pense pas…

    Sans que tu sois dans une tour d’ivoire, je pense pour ma part que le principe de Pareto est ignoré par facilement plus de 95% de la population de cette planète. Et même ceux qui le connaissent parce qu’ils l’ont étudiés une fois ou deux en cours peuvent avoir beaucoup de mal à en comprendre l’intérêt et l’universalité.

    Mais notre auteur oublie une chose importante, c’est que lorsque nous nous sommes focalisés sur les 20% des problèmes qui représentent 80% des coûts induits, si nous refaisons une analyse, la règle des 20/80 se vérifie toujours

    Tu as raison, je me suis fait la réflexion aussi en lisant le livre. Mais on applique le principe 20/80 au principe 20/80, il ne faut appliquer le 20/80 qu’une seule fois, non ? ;) Ainsi cela permet de vraiment se concentrer sur l’essentiel.

    Dans un marché dématérialisé, il devient rentable de se focaliser sur les 80% des produits qui génèrent le moins de vente, car c’est précisément ces produits qui ne sont disponibles nulle part qui peuvent permettre à un nouveau marché d’émerger en répondant à une demande que tout le monde à oublié sous le prétexte de l’optimisation par les 20/80.

    Tu as entièrement raison, la longue traîne s’oppose au principe 20/80. Mais la longue traîne n’est rentable que parce que les coûts nécessaires pour la produire et la maintenir sont nuls, ou quasi-nuls en regard des bénéfices associés. La longue traîne ne peut être effective que dans un milieu où à la fois l’essentiel des tâches répétitives est automatisé par des machines, et où les ressources machines sont tellement vastes que les utiliser pour entretenir la longue traîne n’impacte pas les rendements des 20% qui font 80% des bénéfices. Pour le moment, à part sur Internet, je ne connais pas d’autres milieux où c’est possible. Mais peut-être en existe t-il d’autres ? En connais-tu ?

    Merci pour toute la partie systémique, ton approche du 20/80 par elle est très intéressante :) .

    Richard KOCH reconnait volontiers que le rapport 20/80 n’est pas toujours valable, mais pour lui ce qui est important c’est le fait que les rapports ne sont pas équilibrés… Bah voyons… Vas-y que je te mélange le déséquilibre inhérent à tout système avec une loi de distribution qui donne un énoncé très précis…

    C’est étonnant, pour moi il me semblait évident que cette loi ne s’applique pas à la lettre et que c’est juste une loi énonçant qu’il y a un fort déséquilibre, pas qu’il y a partout *exactement* 20% des causes qui font 80% des effets. Je pense que les auteurs dans leurs livres parle du 20/80 dans ce sens – il y a un déséquilibre général entre les causes et les effets – et pas strictement en terme de 20% des causes apporte 80% des résultats.Il me semble que Richard Koch et Tim Ferris, par exemple, utilisent cette définition de la loi : il y a un déséquilibre inhérent à tout système… Tu penses que Pareto n’avait pas cette signification à la base, et qu’il parlait d’un 20/80 strict ?

    merci à toi, ma sacro-sainte systémique, pour nous apporter les clés de compréhension que ce cher Richard KOCH a oublié de mentionner dans ce si pauvre livre « Le principe 80/20″…

    Effectivement, la systémique semble être un modèle de compréhension pour toi, cela me donne envie de m’y mettre aussi, je crois que je vais enfin lire Le Macroscope ;) .

    Je vous épargne les erreurs grossières du style « La pensée 80/20 est non linéaire »…

    En quoi est-ce une erreur ? Peux-tu développer ?

    Et encore merci pour ta chronique. Elle développe vraiment un point de vue intéressant ;) .

    Posté le 18 janvier 2010 à 23 h 00 min

  2. Olivier (simpleslide),

    Bonjour Florent,

    Je partage tout à fait ton point de vue sur la deuxième limite que tu indiques dans ton analyse à savoir : Occulter les 80% restants. Je m’étonnais d’ailleurs de n’avoir jamais vu de remarques à ce sujet, me voilà maintenant soulagé ;)

    Je n’ai pas lu livre de Koch et j’ai découvert la loi de Pareto avec la semaine de 4 heures,.J’en ai donc une vision très pratico-pratique. Je suis persuadé que se couper des 80% restant c’est surtout se couper de nombreuses opportunités et limiter sa capacité à innover. Même si je reconnais des bénéfices à la loi de Pareto, je pense qu’une application stricte du 20/80 contribue plus à appauvrir un système qu’à le rendre efficace.

    Je profite de ce commentaire pour te féliciter pour la qualité de ton blog. J’ai découvert l’analyse systémique l’année dernière avec le macroscope. Ça demande pas mal de temps pour comprendre les différentes facettes de cette discipline et le jargon qui est associé. C’est à pratiquer au quotidien on dirait …
    J’ai récemment lu la logique de l’échec (je ne sais pas si tu connais ce livre), ça ressemble furieusement à de l’analyse systémique bien que l’expression ne soit jamais utilisée dans le livre.

    Bonne continuation

    Posté le 19 janvier 2010 à 22 h 59 min

  3. Florent F.,

    @ Olivier (le 1er) ;-)
    95% des personnes ne connaitraient pas la loi de Pareto… Je ne sais pas, ça me parait beaucoup… Je veux bien admettre qu’une majorité des personnes ne connaissent pas la loi de 20/80, mais de là à dire que les gens ont un a priori d’équivalence entre les causes et les effets, c’est un peu « fort de café » de la part de l’auteur non !?

    Effectivement, une analyse des 20/80 efficace ne s’utilise qu’une fois… Mais le problème c’est que lorsque tu es manager, tu es souvent responsable d’un nombre très limité d’indicateurs à optimiser. Et tous les ans, on te demande d’améliorer le même indicateur toujours d’autant. Personnellement, j’étais responsable d’un taux de non-qualité qu’on me demandait de réduire de 50% tous les ans… J’ai atteint mes objectifs trois ans de suite, mais je peux t’assurer que les efforts déployés n’ont pas été les même entre la première et la troisième année…! ;-) Donc, bien souvent le choix des indicateurs à améliorer échappe aux managers… :-(

    Le 3ème point : le strict rapport 20/80.
    La loi de Pareto est une loi de distribution. Comme toute loi de distribution, elle énonce une équation qui se vérifie systématiquement. Sinon, ce n’est plus une loi, c’est un simple constat de déséquilibre (Voir l’équation ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Distribution_de_Pareto). De la même façon, la loi de Benford, une autre loi de distribution (celle-ci bien peu connue malgré qu’elle soit également très puissante, cf http://leansixsigma.free.fr/?p=76 ) énonce également une équation qui fournit les valeurs attendues.
    Tout ça pour dire que c’est un abus de langage de réduire les 20/80 à une loi de déséquilibre. La loi de Pareto énonce donc une équation qui donne une courbe, et le rapport 20/80 est le point d’infléchissement de la courbe.
    Mais il serait intéressant de comprendre pourquoi dans certains cas le rapport ne se vérifie plus… Comme le principe 20/80 est une loi naturelle, personnellement je serais amené à penser que cela viendrait nécessairement d’un artefact (Système issu de l’humain) qui viendrait perturber les boucles de rétroactions négatives (Cf syndrome de la grenouille ébouillantée)… A creuser…! ;-P

    4ème point : linéarité, non-linéarité de Pareto
    L’utilisation qui est faite de Pareto est strictement linéaire…
    indicateur Y = 20% A + 18% B + 15% C + 10% D + 4% E + …etc.
    Donc, nous avons plusieurs liens de cause à effet directs (linéarité) de type cause A produit un effet B.
    Ce qui n’est pas linéaire est récursif… On retombe dans la systémique… ;-)
    Dans un problème non linéaire, A cause B qui cause C qui cause A… Ca n’est pas linéaire, car il y a une boucle de rétroaction.
    Là encore, l’auteur a fait un amalgame entre l’équivalence du rapport et la linéarité du lien cause effet… :-(

    @ Olivier (le 2ème) ;-)
    Effectivement, il peut être dangereux d’écarter les 80% restants… Au-delà de la théorie du la longue traine, il peut arriver que l’on s’attaque aux 20/80 des causes, mais que la réduction de ces problèmes se reportent sur les 80% restant. Ne s’occuper que des premiers 20% c’est occulter toute une partie du problème générale, et c’est parfois dans ces 80% restants que demeures la solution pour corriger l’ensemble (100%) du problème. Bref, se focaliser sur les 20/80 est totalement antisystémique puisque cela signifie que l’on considère que le tout est égal à la somme des parties, hors, comme j’en ai déjà fait mention, le tout est à la fois plus (propriété d’émergence) et moins que la somme des parties (propriété d’appauvrissement, de virtualisation de propriétés latentes…).

    Pour ton dernier commentaire… Effectivement, l’assimilation de la systémique et plus largement de la pensée complexe est un travail assez long… J’ai lu plus d’une vingtaine de livres sur le sujet et j’en apprends à chaque nouvelle page que je lis de la méthode de Morin par exemple… Mais en même temps c’est passionnant, ca révèle tout ce qui se joue autour de nous sans que vous en prenions conscience…!!!

    Au plaisir de vous lire tous les deux.

    Posté le 20 janvier 2010 à 20 h 59 min

  4. Bernard sady,

    Bonsoir Florent,

    Intéressant le commentaire de ce livre. C’est vrai qu’il semble assez pauvre. Au moins un livre que je n’aurai pas à lire…
    J’ai découvert la loi de Pareto dite des 80/20 ou des 20/80 dans les années 80 dans le cadre des Cercles de Qualité. C’était dans l’étape d’évaluation des causes d’un problème à résoudre. Il s’agissait de prendre les 2 ou 3 causes qui provoquaient le plus de défauts. La proportion n’était pas mathématiquement de 20 / 80. Mais c’était un ordre de grandeur. Je ne suis pas sûr non plus que ces causes suivaient une loi telle que décrite dans Wikipédia. Et je ne me souviens pas m’être posé la question de la linéarité de cette loi…
    Loin de la rigueur des mathématiques ou des statistiques, ce qui nous intéressait, c’était le côté pratique et un bon moyen de déterminer à quelles causes on devait s’attaquer en priorité. En fonction du niveau de qualité visé, on résolvait une, deux ou trois, voire plus, de causes.
    Les opérateurs comprenaient très bien cette règle. A l’époque, dans les entreprises qui mettaient en oeuvre des Cercles de Qualité, cette loi était connue de tout le monde. Il semble qu’on l’ait oubliée depuis…
    Au plaisir de te lire.

    Posté le 26 janvier 2010 à 23 h 39 min

  5. Florent F.,

    Bonjour Bernard,

    Je suis bien d’accord avec toi, il importe peu que les 20/80 se justifie tout le temps… Ce que je voulais surtout relever, c’est la légèreté de l’auteur vis à vis du sujet qu’il traite…
    Merci pour le retour historique de l’utilisation de la loi de Pareto… Et comme toi, je ne suis un inconditionnel de wikipédia…! ;-P

    Au plaisir de te lire.
    Florent.

    Posté le 28 janvier 2010 à 12 h 18 min

  6. laurent,

    c’est paréto qui est célèbre en économie polique pour cetteloi de déséquilibre entre autre et pour l’égalité entre entre un équilibre walrasssien et un équilibre paréto optimal . Un facilitateur de connaisance étonné du manque de culture entreprenariale et économique des gens à l’heures actuelle où sevoir poindre tant de revendication économiques politiques et sociales . je vais paraphraser Marx il ya 150 ou pkus quand même .. qui disait:  » il faut lire l’événement  » et élever sa structure idéologique ici celle de l’abandon et l’inculturation voire de l’obscurantisme . Braillard et négativistesw de tout bord vous s BYE A +

    Posté le 16 mars 2010 à 15 h 51 min